La religion
Les réfugiés du Camp R, au nord de l’Ontario, vivaient encore aux côtés des nazis, en ce décembre 1940. Alors que les prisonniers juifs se débattaient pour avoir la visite d’un rabbin et des chandelles pour le Chanukah, les nazis, eux, accueillirent le clergé (catholique ou protestant), reçurent nombre de présents et érigèrent même un très grand arbre de Noël décoré de lumières.
Dans les autres camps, les Juifs constituaient la majorité des internés. Les Juifs orthodoxes quant à eux, devaient se faire entendre pour avoir de la nourriture kasher et le droit de prendre congé lors du Shabat. La plupart des Juifs cependant se considéraient comme venant d’une ethnie minoritaire et observaient leurs pratiques religieuses modérément. Certains d’entre eux étaient vus comme Juifs selon les normes raciales des nazis, mais se définissaient plutôt comme athées ou encore s’étaient convertis au catholicisme. Pour d’autres, les conditions mêmes de leur internement, les débats religieux et l’éducation dont ils pouvaient bénéficier, les ramenaient à la source même de leurs origines, procurant, pour plusieurs d’entre eux, un plus fort sentiment d’appartenance à leur identité juive.
Pour les Juifs comme pour les Chrétiens qui voulaient observer leurs croyances, la vie religieuse des camps était très animée, l’internement offrant une très grande liberté dans ce sens. La plupart des réfugiés apolitiques non-juifs étaient ou des socialistes, ou des membres du clergé. Beaucoup parmi eux étaient missionnaires et leurs tentatives de conversion des Juifs suscita de l’hostilité entre prisonniers. Par ailleurs, ces missionnaires furent bien traités par l’administration car les catholiques (contrairement aux Juifs), pouvaient souffrir en silence et sans exigences (contrairement aussi aux gauchistes).