La moralité
Les réfugiés enduraient les effets d’une persécution, des déplacements et l’angoisse de savoir leurs familles vivant encore dans une Europe occupée par les nazis. Plusieurs d’entre eux avaient le sentiment d’avoir quitté un monde antisémite, seulement pour en être enfermés dans un autre.
L’entente entre les internés était influencée par des rumeurs, des bavardages et des chamailles. Certains trouvaient une certaine quiétude en se résignant à attendre sans fin, leur libération. Julius Pfeiffer, le rigolo du camp, raconte « J’essayais de tuer le temps afin d’oublier que j’y j’étais, que je ne savais pas quoi faire de ma vie, que je ne savais pas où se trouvaient ma femme, mes deux enfants et mes parents ni même, s’ils étaient encore en vie. Alors, je tournais tout en plaisanteries. » Après la guerre, il retrouva femme et enfants, rescapés de Bergen-Belsen.
L’absence de femmes préoccupait notamment les jeunes hommes et certains cherchèrent des correspondantes. Un interné se rappelle les projets chimériques d’un personnage un peu louche qui avait commencé à creuser un tunnel, non pas pour s’échapper, mais pour faire venir des prostituées. Pour certains, l’homosexualité devint une expression normale de la vie et du quotidien d’un camp; la sexualité était considérée comme une part naturelle de la vie privée de ces hommes et son expression tolérée par la plupart.