L’éducation
Malgré l’ennui des petites tracasseries administratives, l’internement fut pour plusieurs prisonniers l’occasion d’apprendre, car s’y côtoyaient, des intellectuels renommés, des activistes politiques et des artistes allemands et autrichiens. Ensemble, avec des jeunes étudiants des yeshivas (séminaires juifs orthodoxes) et des universités, et des marins de marine marchande, ils purent créer un formidable créneau d’échanges et d’apprentissage.
Face à tant d’élèves, tant de talent et un si fort désir d’apprendre, les internés mirent en place des écoles dans chaque camp.
Grâce au matériel académique envoyé par les institutions favorables à leur cause, les professeurs internés purent offrir une formation scolaire, technique et religieuse. Tous apprenaient l’anglais. Par exemple, dans le seul Camp N, sept différents programmes d’apprentissage s’offraient simultanément. Parmi les éducateurs se trouvait Max Ferdinand Perutz, plus tard récipiendaire du prix Nobel en chimie (1962), deux économistes, cinq avocats (dont trois docteurs en droit), un historien en art, un professeur de relations internationales, huit médecins, un chirurgien dentiste et deux rabbins, spécialisés en histoire de la religion et en langues sémitiques. En fait, il est courant d’affirmer que dans chaque camp, on comptait assez d’hommes qualifiés pour former le professorat au complet d’une université. Éventuellement, les internés eurent la possibilité de s’inscrire aux examens d’admission de l’Université McGill, leur ouvrant ainsi la porte aux différentes universités canadiennes.